Clarisse Juranville

Institutrice et autrice de manuels scolaires

Fille de vignerons, Clarisse Juranville naît à Mardié en 1826. Elle est élève à l’école du village puis à Orléans. En 1845 elle devient institutrice et enseigne pendant quinze ans dans une école de filles fondée par les propriétaires du château de La Bussière près de Gien. En 1860 elle s’installe à Orléans pour se consacrer à l’écriture d’ouvrages pédagogiques. De 1869 à 1904, elle écrit, seule d’abord puis en collaboration avec Pauline Berger, une quinzaine de manuels pour les écoles de filles, publiés essentiellement par la librairie Larousse. Ses livres sont utilisés dans de nombreuses écoles, réédités et diffusés à des dizaines de milliers d’exemplaires. Elle est aussi l’autrice de très nombreux articles et ouvrages de vulgarisation. En 1886 sa notoriété lui vaut d’être élue au Conseil départemental de l’enseignement primaire du Loiret et, en 1898, elle reçoit les Palmes d’Officier d’Académie. Elle décède à Mardié, dans la maison familiale, le 16 mai 1906. Dans cette période cruciale pour le développement de l’enseignement en France, du Second Empire à la IIIe République, Clarisse Juranville fait partie des novateurs qui ont fait évoluer la façon de « faire la classe », au-delà des très durs conflits politiques sur l’école religieuse ou laïque. Elle-même catholique affirmée, elle travaille avec Pierre Larousse – anticlérical notoire mais, comme elle, instituteur et passionné de pédagogie. Elle sait dépasser les clivages pour promouvoir l’éducation des filles. Car c’est à cette cause qu’elle consacre sa carrière et sa vie. Elle défend la place des filles et des femmes auxquelles elle s’adresse presque exclusivement. Elle met en avant la vie de femmes célèbres, rédige des livres de lecture et des manuels sur les sciences ou la littérature spécifiquement à destination des jeunes filles. Sa pédagogie et son féminisme peuvent paraître, aujourd’hui, désuets ou conventionnels. Ils étaient alors précurseurs.